Les sportifs, auxquels font écho des journalistes toujours pressés de rapporter une victoire au formidable soutien du public, sont prompts à s'autoproclamer "tous ensembles." On pourrait avoir quelques doutes sur cette solidarité censée unir les joueurs entre eux et les lier à la ville, au pays, mais malgré nos doutes et, disons-le, notre totale conscience des phénomènes de mercenariat, on se laisse glisser à chaque retour des éternelles prétentions du sport. Sans ètre dupe on cautionne, et plus on travaille à ètre naïf, plus on pourra jouir de notre enthousiasme. C'est que nous avons besoin d'y croire pour bien vivre notre soutien, et les encourager dans leur effort. L'artiste supporteur, dans son amusement, construit une esthétique sociale. Il entre dans la danse des signes plutôt que la violence. Mème si c'est pour un temps seulement, mème si après on se déchirera, une émotion s'inscrit à jamais dans les coeurs. Il est donc utile de jouer ce jeu: mimer les symboles du tout, les renvoyer aux autres, qui s'y reconnaîtront. Lien sera fait, et le charme d'agir. Je vous propose un voyage au gré de ces apprèts.